17 octobre 2016 : conférence de presse sur la souffrance des soignants à l'Hôtel Dieu, Paris

Le 17 octobre, une conférence de presse s'est tenue à l'Hôtel Dieu à Paris, à l'initiative de l'UFML, sur le thème de la souffrance des soignants.
Il s'agissait de rassembler des professionnels de tous secteurs et de multiples professions pour interpeller le public sur l'état du système de santé, et sur les conséquences pour les soignants et les patients.

Étaient présents entre autres la CGT, l'UFML, le Dr Kierzek, le Pr Lantieri, les kinés (Alizé), les infirmiers (Convergence), les opticiens, dentistes (FSDL), l'ADPM, Alexandre Jardin (la maison des citoyens), Frédéric Bizard (économiste)...

Et aussi les orthophonistes. Ce sont les membres de l'association ORA en cours de constitution qui ont planché pour livrer leur regard sur l'état de notre profession. 


Voici ce que nous y avons dit...

                                                 L'Humanité, article d'Alexandra Chaignon
L'Humanité, article d'Alexandra Chaignon

L'orthophonie, c'est l'histoire d'un fossé qui ne fait que grandir entre exigences et moyens, entre compétences et reconnaissance, qui traverse tous les modes d'exercice, et génère pour beaucoup colère, découragement, frustration, épuisement.

 

En salariat, nous sommes soumis à la volonté des ARS et des directeurs de structures, qui décident du volume horaire qui nous est alloué, toujours trop faible pour faire face aux besoins de ces patients, touchés par des pathologies lourdes, qui ont besoin d'une prise en charge urgente, précoce et intensive.

Les budgets formation et matériel se réduisent d'année en année. Nos grilles salariales nous reconnaissent un bac+2, en lieu et place de l'actuel bac+5, et contribuent à démotiver les soignants d'exercer dans les structures du médico-social ou de l'hôpital. Les orthophonistes désertent ces postes qui finissent par être supprimés ou réattribués. Par voie de conséquence :

- notre visibilité se réduit et notre rôle spécifique devient plus flou pour les prescripteurs qui finissent par oublier notre existence dans leur arsenal thérapeutique. 

- les lieux de stage se raréfient pour les étudiants, mettant en péril leur formation initiale.

- les rééducations sont alors assurées par d'autres dont l'orthophonie n'est pas le métier et les prises en charges se dégradent.

 

En libéral, nous croulons sous le poids de l'administratif, du normatif, des charges, du travail bénévole, des demandes de soins lourds qui ne peuvent plus être réalisés dans les structures faute d'orthophonistes...

Nous composons avec des textes obsolètes, avec une nomenclature devenue empilement absurde de codages, qui ne répond pas aux réalités et besoins du terrain, qui nous bride autant qu'elle nous brade, qui standardise là où il faudrait individualiser, qui morcelle les patients en pathologies, là où un regard global serait nécessaire, qui ne laisse aucune place à la coordination des soins, au temps humain...

Nous constatons avec tristesse que nous devenons des techniciens, devant travailler à la chaîne pour surnager. 

Nous constatons enfin que la réalité de ce qu'est notre métier, et que son importance dans la société, sont loin d'être encore compris et appréhendés dans leur ensemble, y compris par ceux qui prétendent le régir.

 

Nous avons besoin d'un nouveau souffle, besoin que les moyens qu'on nous donne et la reconnaissance de notre profession soient à la hauteur de notre implication quotidienne auprès des patients, et de nos compétences. Il en va de la survie même du métier, des praticiens, et de la qualité des soins.