Burn-out : les orthophonistes aussi


Le burn-out : kesako ?

Le syndrome d'épuisement professionnel ou burn-out se caractérise par un épuisement émotionnel (manque d’énergie et de motivation, fatigue profonde), une dépersonnalisation (attitudes impersonnelles et cyniques envers les personnes dont l’individu s’occupe) et un manque d'accomplissement personnel (sentiment d'incompétence dans le travail). Ce terme est utilisé pour la première fois en 1969 et s’adresse alors uniquement aux professionnels «aidants» (travailleurs sociaux, professions médicales, enseignants).

 

Les professions considérées comme les plus « à risque » sont celles :

  • à fortes sollicitations mentales, émotionnelles et affectives,
  • à forte responsabilité notamment vis-à-vis d’autres personnes,
  • où l’on cherche à atteindre des objectifs difficiles, voire impossibles,
  • où il existe un fort déséquilibre entre les tâches à accomplir et les moyens mis en oeuvre
  • où il existe une ambiguïté ou un conflit de rôles.

Les personnes considérées comme les plus « à risque » sont celles :

  • ayant des idéaux de performance et de réussite,
  • liant l'estime de soi à leurs performances professionnelles,
  • sans autre centre d’intérêt que leur travail.

Le burn-out des soignants

Les soignants, en exerçant des professions d'aide et de soutien à la personne, représentent donc une population « à risque ». Le burn-out est d’ailleurs de plus en plus fréquent, en raison notamment :

  • de la surcharge de travail (première cause de burn-out),
  • de la désertification médicale,
  • de la dégradation de la relation avec les patients (ingratitude, manque de respect, exigences des patients, agressions,…),
  • des contraintes administratives,
  • du poids financier des charges sociales et fiscales,
  • du manque de reconnaissance,
  • de la confrontation à des situations éprouvantes (mort, maladie grave, lourd secret professionnel),
  • de l’isolement professionnel.

Les professionnels de santé libéraux ne sont pas les seuls touchés. Les salariés subissent de plus en plus de contraintes de moyens et d’efficacité. Ils font face à des situations médicales lourdes et à une pression hiérarchique qui vise de plus en plus la rentabilité des soignants.

 

Par ailleurs, le burn-out est un sujet tabou chez les professionnels de santé qui cherchent à garder une bonne réputation et craignent le jugement des patients et des confrères.



Le burn-out chez les orthophonistes : notre enquête

echantillon

Notre étude se base sur deux questionnaires destinés aux orthophonistes mis en ligne en mars 2017 et clôturés un mois plus tard. Le premier questionnaire s’adressait aux personnes ayant subi un burn-out et le deuxième à celles n’en ayant pas subi (qu’elles aient craint ou non un burn-out). Les questions étaient principalement ouvertes afin de ne pas orienter les réponses. Ces questionnaires ont été relayés par les réseaux sociaux ainsi que sur divers sites internet (ORA, Orthomalin,…). Nous avons reçu 541 témoignages, ce qui représente environ 2% des orthophonistes français et illustre bien l’intérêt de la profession pour ce sujet. 

Parmi les personnes n’ayant pas subi de burn-out (440 réponses)

A la question « Avez-vous déjà craint de faire un burn-out ? », sur une échelle de 1 (pas du tout) à 5 (complètement, je suis / j’ai été à la limite), 32% s’estiment au niveau 5 et 38% au niveau 4. Notre échantillon ne représente cependant pas une population neutre puisque le thème de l’enquête a peut-être mobilisé davantage les personnes qui se sentaient concernées. Cela confirme cependant que cette inquiétude est partagée par de nombreux orthophonistes.

Parmi les personnes considérant avoir eu un burn-out (101 réponses)

  • Age : le burn-out est survenu en moyenne au bout de dix ans d’exercice. Cela peut être mis en lien avec un essoufflement après quelques années d’exercice ou avec la vie personnelle et une période de vie charnière et souvent intense (enfants en bas âge).
  • Mode d'exercice : nous retrouvons parmi les orthophonistes ayant subi un burn-out une part plus importante de personnes en exercice mixte (24%) que dans la population générale (10%). Le mode d’exercice mixte favoriserait-il une charge de travail plus importante, ou un sentiment d’insatisfaction et d’insuffisance dans les deux exercices ? On peut imaginer que le soignant accentue sa souffrance car, tiraillé entre deux modes d'exercice, chacun avec ses contraintes, il aggrave son insatisfaction professionnelle et s'épuise doublement. L'isolement fréquent dont souffre l'orthophoniste est certainement une donnée importante. Il n'y a pas toujours de possibilité d'échanges sur le lieu de travail. L'exercice libéral est solitaire, et en salariat l'orthophoniste n'a bien souvent aucun collègue. Il n'y a donc pas de réconfort possible au travers d'un échange verbal, d'un partage d'expérience.

Causes

Professionnelles

  • Surcharge de travail, surmenage
  • Travail non rémunéré (réunions, aménagements scolaires, courriels, appels…)
  • Problèmes financiers / pression financière
  • Lourdeur administrative
  • Liste d’attente, pression des demandes de prises en charge
  • Collègues : conflit avec des collègues en libéral ou avec l’équipe / la hiérarchie en salariat
  • Empathie : cas lourds, souffrance des patients, difficulté à garder une distance thérapeutique
  • Relations avec les patients : irrespect, impolitesse, impayés, agressions, rendez-vous non honorés, manque d'investissement,…
  • Charge rédactionnelle des bilans orthophoniques
  • Manque de reconnaissance
A. nous met en garde contre le syndrome de Jeanne d'Arc : "on veut les sauver tous"
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Personnelles

Aux difficultés professionnelles, s’ajoutent dans la majorité des cas des complications personnelles plus ou moins graves qui font souvent office de déclencheur.

  • Problèmes graves de santé de l’orthophoniste (maladie chronique, handicap,…)
  • Problèmes graves dans l’entourage proche de l’orthophoniste (handicap d’un enfant ou d’un conjoint, deuil, maladie chronique du conjoint,…)
  • Contextes familiaux aggravants (enfants en bas-âge, chômage du conjoint, séparation, déménagement,…).

signaux et ressentis

  • Fatigue, troubles du sommeil, épuisement
  • Tristesse, déprime, pleurs incontrôlables, envies suicidaires
  • Syndrome de l’imposteur, perte de confiance en ses capacités professionnelles, culpabilité, impression d'être nul(le), sentiment d'impuissance, dépréciation
  • Troubles de l’humeur, irritabilité, changement de comportement, manque de patience / d'empathie
  • Démotivation, perte d'intérêt dans le travail, découragement, ennui
  • Problèmes somatiques, douleurs physiques (notamment douleurs dorsales / musculaires, vomissements, vertiges, eczémas, malaises, aphonies, tachycardies, hypotension…)
  • Difficulté à compartimenter la vie privée et la vie professionnelle, envahissement du professionnel dans la vie privée
  • Troubles cognitifs (erreurs multiples, incapacité à se concentrer, à lire, à comprendre des choses simples)
  • Impossibilité de se lever (pour aller travailler)
  • Troubles alimentaires : perte d’appétit, prise de poids

La "sensation d'être vide" revient à plusieurs reprises. Le recours aux médicaments ou à l'alcool pour se détendre est également courant.

conséquences

Arrêts de travail

En moyenne, les orthophonistes interrogés ont cessé de travailler durant un mois mais cela est très variable : un tiers ne s’est pas arrêté (mais a généralement diminué son temps de travail), 17% s’est arrêté plus de six mois. Les salariés s'interrompent davantage (en moyenne, 3 mois d’arrêt pour les salariés contre moins d’un mois pour les libéraux). Les arrêts sont souvent d’une durée assez courte dans un premier temps mais sont reconduits à plusieurs reprises.

Finances

  • CARPIMKO

La CARPIMKO, caisse autonome de retraite des paramédicaux, verse actuellement une allocation journalière de 49,17€ entre 3 mois et un an d’arrêt de travail. Rien avant, rien après et très insuffisant pour couvrir les charges d’un cabinet…

  • PREVOYANCES

Certaines prévoyances ne prennent pas en charge les affections psychologiques ou les dépressions et, par conséquent, le burn-out. Or, il ressort de notre enquête que peu d’entre nous sont informés de la couverture ou non du burn-out par leur prévoyance. En effet, parmi les 383 orthophonistes ayant une prévoyance et n’ayant pas subi de burn-out, plus des trois quarts (76%) ne savent pas si leur prévoyance les couvrirait.

Même quand une couverture est censée être apportée par une prévoyance, se faire indemniser relève bien souvent d’un tour de force ! Or, beaucoup évoquent leur grande difficulté à remplir des papiers compte tenu de leur état cognitif et émotionnel. Ainsi, notre enquête montre que seuls 22% des libéraux / en mixte ont pu bénéficier d’une couverture de leur prévoyance (avec une aide, en grande majorité, partielle : carences, revenus plafonnés, durée maximum etc) et ce, alors que 72% des orthophonistes interrogés ont souscrit à une prévoyance...

Vous pouvez demander un tableau comparatif personnalisé via le site www.capmedical.fr.

Ce site a été créé afin d’apporter une analyse objective des contrats de prévoyance disponibles sur le marché et de vérifier notamment la possibilité de couverture des pathologies psychologiques. Vous pouvez également leur faire passer votre contrat ou devis de prévoyance pour validation.

Remplacement des libéraux

Au manque d’indemnisation, s’ajoute la rareté des remplaçants : outre la difficulté pour l’orthophoniste en burn-out à entreprendre des démarches, la finalité de la recherche est très incertaine compte tenu de l’arrêt de travail soudain et en général, reconduit à plusieurs reprises. Ainsi, seuls 11% des libéraux / en mixte ont pu trouver des remplaçants et parmi eux, rares ont été ceux assurant un remplacement complet.

Et au bout du compte...

Dans ces conditions, sans remplaçant et sans couverture pour la plupart, avec des charges de cabinet qui continuent à pleuvoir, les libéraux se retrouvent rapidement en grande difficulté financière. 80% d’entre eux l’évoquent ainsi spontanément dans les questionnaires. Même ceux qui choisissent de ne pas s’arrêter sont concernés car ils se retrouvent alors obligés de diminuer considérablement leur temps de travail.

Les répercussions financières sont légèrement moins courantes chez les salariés mais demeurent très importantes, avec 67% de salariés en difficulté (et s’expliquent, malgré une meilleure couverture, par un salaire plus faible et réduit en cas d’arrêt de travail ainsi que des démissions de poste et des réductions de temps de travail).

Ce sont finalement dans cette étude les personnes en exercice mixte qui souffrent le moins de difficultés financières consécutives à leur burn-out probablement grâce à la diversité de leurs sources de revenus. Mais cela reste très relatif avec tout de même 54% de personnes en difficulté…

Ces difficultés financières sont telles qu’une majorité (58%) a besoin de l’aide financière d’une tierce personne (aide de la famille ou d’amis pour 31% et du conjoint pour 27%).

 

Aller mieux

Du temps

En moyenne, les sondés évaluent à un an le temps nécessaire pour « aller mieux ».

Des aides

Les principales aides trouvées sont : le soutien de l’entourage, l’accompagnement psychologique, les loisirs et la médecine douce.

D’autres ressources sont également trouvées dans des domaines très variés : sport, voyage, lecture de livres spécialisés, art thérapie, réflexologie plantaire, groupe d’écriture, sophrologie, yoga, relaxation,... Plusieurs expliquent avoir été aidés par la méditation, la pleine conscience ou l’auto-hypnose. On observe une nette tendance à aller chercher des aides autres que les aides classiques (psychothérapie, psychotropes), souvent en complément de celles-ci. Les personnes concernées mettent en oeuvre des aides choisies selon leur sensibilité mais ayant en commun d'apparaître comme des tentatives de se recentrer, de se redonner la priorité. D’un point de vue professionnel, les supervisions permettent à certains de prendre du recul quant à leur pratique tandis que d’autres se tournent vers un coach en travail.

Des changements professionnels

  • aménagement différent du temps de travail (pauses plus régulières, etc)
  • diminution du temps de travail
  • trouver un nouveau souffle dans son travail (via des formations par ex)
  • arrêt de certaines tâches non rémunérées (participations aux ESS par ex)
  • arrêt d’autres activités parallèles (engagement syndical ou associatif)
  • changement de mode d’exercice
  • reconversion

Des reconversions

Parmi les 101 témoignages d’orthophonistes ayant subi un burn-out, 14 ont entrepris une reconversion professionnelle. Reconversion qui est envisagée par plus de 50% des orthophonistes de notre enquête, qu’ils aient subis ou non un burn-out...

leçons

Une note positive : 55% évoquent spontanément des leçons positives tirées de leur burn-out.

Beaucoup ont ainsi appris à mieux se connaitre, comme C. : « Cela a été l'occasion du diagnostic de haut potentiel au cours d'une consultation avec une neuropsychologue pour ce que le médecin prenait pour des troubles bipolaires et attentionnels. J'ai beaucoup appris sur mon fonctionnement, ma vision du monde » ou L. : « [J’ai appris] beaucoup… C'en est presque une chance avec du recul, malgré toute la souffrance engendrée. »

Par ailleurs, le burn-out a conduit 40% des interrogés à effectuer des changements de vie : déménagement, démission, changement de mode d’exercice…

craintes de récidive

Certains sont rassurés par le fait qu’ils aient appris à mieux se connaitre et à connaître leurs limites mais la majorité craint toujours une récidive, à l’instar de M. : « C'est difficile de dire non... aux patients, au banquier, aux huissiers. » ou de C. : « Je ne suis pas raisonnable, j'ai toujours des envies que je n'arrive pas à refréner (découvrir de nouvelles pathologies, répondre à la demande de bilans, faire des activités sympas alors que je suis trop fatiguée : parfois il faut le faire, parfois il vaut mieux y renoncer pour se reposer, mais il n'y a pas de mode d'emploi pour dire quoi choisir) ».

et l'orthophonie dans tout ça ?

A la question : « Considérez-vous qu'être orthophoniste a joué un rôle prépondérant dans la survenue de votre burn-out? », 89% répondent par l’affirmative. H., par exemple, le met en lien avec « l'impossibilité de quantifier notre apport (notre patient n'aurait-il pas évolué de cette manière sans nous ? Quelle part de l'entourage, l'école, un déclic ou blocage l'a fait progresser ou pas ?) ».

 

Parmi eux, certains (22%) évoquent une influence partielle, en lien avec notre statut plus global de soignant ou de travailleur libéral : « le fait d'être soignant rend plus vulnérable : on donne énormément de son temps et de sa personne, sans doute beaucoup trop. A force d'écouter la souffrance des autres, le risque est de devenir sourd à la sienne » (A.) ; « C'est un métier où l'on est en attention soutenue tout le temps et où l'on change de pathologie (donc obligation de s'ajuster en permanence) toutes les 30 ou 45 min. Parce que je suis thérapeute mais aussi secrétaire, comptable, femme de ménage. Je cumule les boulots et suis une smicarde déguisée. Seule profession où on demande autant de situations "bénévoles" ou sous rémunérées (bilan, administratif) auxquelles il faut malgré tout se plier pour le bien des patients. »

conseils d'orthos

« Ecoutez-vous quand vous sentez que c'est non, qu'il faudrait arrêter telle prise en charge, qu'on ne peut pas tout savoir sur tout, qu'on a le droit d'être une orthophoniste moyenne, voire parfois médiocre. Oser dire les choses aux parents qui aimeraient qu'on soit la fée qui va guérir leur enfant alors que c'est d'un handicap à vie qu'il a hérité. Et savoir qu'après nous, d'autres prendront le relais ou pas, mais que notre patient continuera sa vie et que ce ne sera pas forcément une vie ratée parce qu'on pense avoir raté sa rééducation. Et surtout oser résister à la tentation de "rajouter encore tel patient parce que sinon, qui s'en occupera ou mon cabinet ne risque-t-il pas de perdre tous ses patients si j'en refuse ?" » (C.).

En vrac

« Il a fallu reconnaître enfin que je n'étais pas une sur-femme mais un être humain comme les autres » (An. ).

 

« Prenez plus de vacances, de temps pour vous et de temps avec les patients, trouvez donc aussi une solution financière : gagnez au loto ou repensez vos besoins » (I. ).

 

« Surtout jamais, jamais, ne jamais ramener de travail à la maison !!! » (An. ].

 

« Évitez les cadres trop rigides et restez bienveillant envers vous, vous aiderez ainsi mieux les autres » [A. ].

 

«Nous ne sommes pas indispensables, il vaut toujours mieux s’arrêter une semaine plutôt qu'oublier qui on est vraiment et ne plus être en mesure d'assurer le quotidien pro et perso » [An. ].


En Conclusion

Quand le terme « burn-out » a commencé à être utilisé, il était réservé aux professions d’aidants, avant d'être utilisé par quasi la totalité des corps de métiers. Les orthophonistes, professionnels de santé au carrefour de nombreuses disciplines et subissant toujours plus de contraintes en sus de leur travail, sont particulièrement concernés par la manifestation de ces troubles, conséquences d'un travail maltraitant. Notre profession est fortement touchée, d'autant que les conditions d'exercice n'ont cessé de s'éroder. Il existe en effet une conjonction de causes exogènes et endogènes qui conduisent au burn-out. Si évidemment chacun peut essayer d'améliorer ce qui le concerne, nos conditions de travail se dégradent et nos journées s’allongent pour faire face à la pression financière et répondre aux demandes de soins. De plus, les causes endogènes ne peuvent pas toujours être maîtrisés lorsqu'elles relèvent des problèmes familiaux au sens large. Il n'est donc pas possible de faire peser sur le professionnel la responsabilité d'améliorer sa pratique et sa vie pour éviter/guérir un burn-out. Le burn-out risque fort de devenir de plus en plus présent. Il viendra alors accentuer la pénurie d'orthophonistes, déjà dramatique. Il est tout de même paradoxal d'observer un tel désir de reconversion dans une profession si difficile à atteindre, avec une telle sélection. C'est un gâchis immense, des professionnels si désireux de pratiquer leur métier d'orthophoniste, qui ont largement fait la preuve de leur motivation et de leur engagement, et qui renoncent à l'exercer. Cette faillite est le résultat d'une politique de contraintes, de restrictions, de non-reconnaissance. Peut-on espérer un jour voir les instances dirigeantes pratiquer un management bienveillant au lieu de ne proposer qu'une politique comptable déshumanisée ? Il serait temps que nos tutelles prennent en compte notre santé comme un facteur contribuant à la santé des usagers. Notre situation est malheureusement loin d'être isolée dans le paysage des acteurs de santé, il suffit pour s'en convaincre de regarder la situation des généralistes européens telle qu'elle est décrite dans une très sérieuse étude de 2008, parue dans Family Practice. Il y a dix ans déjà, ces derniers étaient un tiers approximativement en France à présenter des taux élevés de burn-out, dans les trois  dimensions  (épuisement émotionnel, dépersonnalisation et accomplissement personnel). Les facteurs associés retrouvés étaient les mêmes que dans notre modeste questionnaire : le généraliste le plus à risque était divorcé, avait des enfants en bas-âge, travaillait en mixte, avait fait des formations supplémentaires... L'absence de changement et d'amélioration chez les médecins ne laisse pas présager d'un avenir meilleur pour les orthophonistes. Mais cela prouve une fois de plus que ce n'est pas le professionnel le problème. 

A nous d’apprendre à nous préserver tant qu’il en est encore temps, à nous protéger et à nous soutenir. A nous aussi de continuer à nous battre pour faire progresser et évoluer nos tutelles.  Vous n’êtes pas seul(e)s !


Vers qui se tourner en cas de burn-out ?

  • SPS

L’Association « Soins aux Professionnels de Santé » a lancé un numéro vert pour tous les soignants en souffrance en novembre 2016. L'association organise le parcours de soins des professionnels de santé en souffrance et recense les établissements spécialisés dans la prise en charge des soignants.

Appel possible 24h/24, 7j/7 au 0805 23 23 36 (gratuit) ou mail : contact@asso-sps.fr

  • France Burn Out

Cette association créée à l’initiative d’un ancien malade du syndrome d’épuisement professionnel défend les droits et les intérêts des malades et les accompagne par une aide pluridisciplinaire : https://asso-franceburnout.fr/

  • PSYA

PSYA (prévention et gestion des risques psychosociaux) est un cabinet spécialisé dans la prévention du mal être au travail.

Contact : Appel au 01 53 04 61 60.

 

 

Vous pouvez aussi vous adresser à ORA pour une écoute confraternelle bienveillante et un partage d'expérience.

Nous ferons de notre mieux pour vous donner des pistes et vous accompagner dans ce moment difficile, dans la limite bien entendu de nos moyens et compétences. Un échange basé sur l'expérience partagée et l'empathie nous semble cependant constituer un outil précieux. Contact : sos@ora-asso.fr

N.B : nous ne sommes pas psychologues, nous ne pouvons pas nous substituer à une consultation.

Pour Approfondir

 

 

Les bibliographies sur le sujet sont nombreuses et disponibles aisément. Voici quelques articles à l'appui de notre propos :

  • COUSINA, Diane. Causes du burnout des soignants : sommes-nous tous exposés de la même manière à l'épuisement professionnel. Master pour le Master en "Osteopathische Medizin", Dresden International University, 2015, Dresde, 60 p. (mémoire très utile pour sa bibliographie et son analyse).
  • FAITH, Karen E. Le rôle du leadership fondé sur les valeurs dans la préservation d'une culture de bienveillance, Health Care Management Forum, Volume 26, Issue 1, April 2013, Pages 11-15, https://doi.org/10.1016/j.hcmf.2013.01.004
  • SOLER, Jean Karl., et al. Burnout in European family doctors : the EGPRN study, Family Practice, Volume 25, Issue 4, August 2008, Pages 245-265, https://doi.org/10.1093/fampra/cmn038
  • ZAWIEJA, Philippe., GUARNIERI, Franck. Epuisement professionnel : principales approches conceptuelles, cliniques et psychométriques. Sous la direction de Philippe Zawieja et Franck Guarnieri. Epuisement professionnel : approches innovantes et pluridisciplinaires, p. 11-34, chapitre 1, 2013, Armand Colin/Recherches, https://hal-mines-paristech.archives-ouvertes.fr/hal-00848200

Pour aller plus loin voici quelques sites à consulter et des documents à télécharger :

  • Une bibliographie intéressante ici.
  • Un récapitulatif de l'histoire de la notion ici
  • Le guide d'aide à la prévention édité par le ministère du Travail ici.
  • Une étude clinique et organisationnelle du cabinet Technologia ici.
  • Un rapport de la commission des Affaires Sociales de l'Assemblée nationale, en conclusion des travaux de la mission d'information relative au syndrome d'épuisement professionnel (ou burn out)  ici.
  • Un travail d'étudiantes de Sciences Po/ Paris 6, lauréates du Prix de Cartographie des controverses 2017  ici
  • Une présentation du Dr Guiho-Bailly, du réseau de consultations Souffrance et Travail téléchargeable ici.
  • Et bien entendu, l'incontournable Wikipedia.

Remerciements :

A tous ceux qui ont pris le temps de répondre et de relayer les questionnaires,

A ceux dont les réponses teintées d’humour ont égayé le dépouillement,

A Bernard VASQUEZ, courtier de capmédical pour ses éclaircissements et sa disponibilité.

A Clotilde MANDINE pour la mise en relation.

A Françoise DUCROCQ pour la recherche et les apports théoriques généraux.

A Dominique PIERI-MICHELOSI pour la relecture, ses ajouts et sa pertinence.

 

Auteur : 
Ariane EHRLICH