Retour sur la rencontre du 11/10/19 au Conseil National des Barreaux


Le collectif SOS Retraites, dont ORA fait partie depuis début septembre, s’est réuni une nouvelle fois à Paris le 11/10, afin de faire connaître ses intentions concernant la suite du mouvement contre la réforme des retraites.

 

Des parlementaires ont été invités pour discuter de la réforme suite à la conférence de presse.

Nous remercions Alexis Corbière (LFI), Pierre-Yves Bournazel (UDI-AGIR), Antoine Savignat (LR) et Laurent Pietraszewski (LREM) d’avoir été présents, et pour certains d’avoir bousculé leur agenda afin de poursuivre plus longtemps les débats.

Le contenu était dense, en faire un résumé exhaustif et objectif est impossible, nous vous laisserons donc vous faire votre idée en visionnant l’intégralité de la réunion dans la vidéo ci-dessous.

Pour le collectif SOS Retraites :

Introduction de Maître Christiane Féral-Schuhl, présidente du CNB, à 15’38.

Intervention du Dr Jérôme Marty (UFML-syndicat, médecins) à 28’39

Intervention du Dr Corinne Le Sauder (FMF, médecins) à 33’41

Intervention de Judicaël Feigueux (Convergence Infirmière) à 36’54

Intervention de Peggy D'Hahier (UNIDEL, infirmières) à 41’23

Intervention d’Yves Deshayes (SNPL, pilotes de ligne) à 43’59

Intervention de Joachim Coursimault (UNAC, personnel navigant) à 48’27

Intervention de Nicolas Blatz (ACK, masseurs-kinésithérapeutes) à 51’57

Intervention de Marion Ribeyre (ORA, orthophonistes) à 54’35

Intervention de François Randazzo (Alizé, masseurs-kinésithérapeutes) à 58’39

Intervention de Franck Grelin (UNSA PNC, personnel navigant) à 1h01’27

Intervention de Philippe Perrin (SNPNAC, pilotes d’essai) à 1h04’16

Intervention de Stéphanie (SNPNC, personnel navigant commercial) à 1h08’46

Intervention de Maître Marie-Aimée Peyron, bâtonnier de Paris (avocats) à 1h10’45

 

Questions et réponses à 1h13’40

AFP

Jean Serra – commandant de bord retraité

Le Point

Protection Sociale Information

United States Press Agency

 

Débat parlementaire à 1h43’00

Pierre-Yves Bournazel à 1h51’31

Alexis Corbière à 1h55’30

Laurent Pietraszewski à 2h04’23

Antoine Savignat à 2h13’12

Échanges à partir de 2h21’58


Quelques mots des positions portées par les uns et les autres

Le collectif SOS Retraites a une position claire, ferme et inchangée : le gouvernement doit sortir du dogmatisme et reprendre son dossier intégralement. Nous ne voulons pas de cette réforme. Nos régimes sont autonomes, bien gérés, pérennes, solidaires, ils sont adaptés à nos spécificités, nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement propose de détruire un système qui fonctionne.

S'il s’obstine, un mouvement national sera lancé le 3 février en guise de coup de semonce, avec une grève générale des avocats, pilotes et personnels navigants, professionnels de santé. Il n’est pas exclu que d’autres professions nous rejoignent, des pourparlers étant en cours. Il n’est pas exclu non plus que d’autres actions suivent.

D’ores et déjà, nous avons confirmation du ralliement de la Fédération des Orthophonistes de France (FOF) pour les orthophonistes.

 

Pour Pierre-Yves Bournazel « l’universalité n’est pas l’uniformité ». Des réformes profondes sont nécessaires mais dans le cadre du dialogue avec le gouvernement certains éléments doivent être pris en compte :

- nos régimes sont autonomes et non spéciaux, ils sont financés, et participent à la solidarité nationale.

- il faut tenir compte des métiers, des spécificités et du caractère indépendant de ces métiers. Il peut y avoir des conséquences importantes sur l’accès au droit ou l’accès aux soins. Il dit d’ailleurs avoir posé une question en ce sens le 24 septembre à l’Assemblée Nationale.

 

Alexis Corbière nous a indiqué soutenir tout mouvement allant contre cette réforme à laquelle il est radicalement opposé. Il ne voit pas de problème à défendre les spécificités des métiers, qui sont une réalité. Il a eu la franchise d’ajouter qu’il n’est toutefois pas favorable au maintien de régimes autonomes, et qu’il défend une position universaliste. Pour lui, nous pourrions trouver certains avantages à être intégrés dans un régime universel. Mais certainement pas celui-là. Il s’oppose à un régime à points et à tout ce qui précipiterait notre système vers plus de capitalisation.

 

Laurent Pietraszewski a déroulé sa partition et les éléments de langage habituels. Il dément vouloir faire disparaître nos métiers, et dément le doublement de nos charges. Il rappelle l’idée de revoir l’assiette de la CSG, qui serait « la moitié du chemin parcouru » quant à la compensation des hausses. Universalité n’étant pas unicité, les voies d’action sont dans la prise en compte des spécificités de chacun des métiers, c’est l’objet des concertations en cours. Il rappelle également qu’il n’y a pas de volonté de capter les provisions faites par nos différentes caisses (Antoine Savignat rappellera, lui, dans son intervention que s’il ne s’agit pas de les capter, il s’agit de contraindre les caisses mécaniquement à les utiliser pour lisser les hausses de cotisations sur plusieurs années).

Il dit ainsi porter un message d’ouverture, indique que le Haut Commissaire accueillera toutes les propositions, néanmoins il rappelle que cette ouverture se limite au périmètre du régime universel, principe sur lequel il n’y aura aucune négociation.

 

Antoine Savignat dénonce la méthode consistant à commander un rapport dont les conclusions sont déjà écrites par le Président de la République.

Il a souligné l’incohérence du gouvernement, qui invoque l’imprévisibilité de l’avenir pour imposer sa réforme, mais qui, dans le même temps, affirme que ce régime est la meilleure voie à suivre, et affirme que la valeur du point ou l’âge de départ à la retraite ne varieront pas.

« Personne ne peut dire ce que sera notre pays de demain et personne ne peut garantir que le point payé 10 euros correspondra à 55 centimes au jour où chacun d‘entre nous parviendra à la retraite ».

Il rappelle comme Alexis Corbière que le régime actuel n’est pas déficitaire (pas au-delà des conséquences du chômage de masse et des salaires faibles des femmes disait Alexis Corbière), qu’il a un fonctionnement plaisant reposant sur la solidarité.

Pour lui un régime universel paraît incompatible avec la diversité des situations des secteurs professionnels. Le volet social de nos régimes autonomes est d’ailleurs totalement éludé.


Mes interventions au nom d'ORA

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Argumentaire conférence de presse 11 oct
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J’ai, pour ma part, au terme de la réunion, souhaité rebondir sur ce que disait Alexis Corbière sur le risque, pour nous, de faire le bonheur d’assurances privées qui vont se mettre en place pour compléter nos miséreuses retraites à prévoir.

 

J’avais envie de lui dire simplement et ironiquement « ils pourront toujours frapper à notre porte, ils seront bien reçus, on ne pourra même pas leur payer le café ».

 

J’ai sans doute dû mal l’exprimer, nous ne nous sommes pas compris tout de suite.

Voici les éléments de l’échange sur la base d’une prise de notes, il manque sans doute quelques éléments mais l’idée est là (échange à revoir en entier sur la vidéo intégrale à 3h31):

 

MR : S’agissant de capitalisation, je représente une petite association d’orthophonistes, le revenu moyen de la profession est 29 039€. Je ne pense pas que l’on pourra capitaliser. Toute charge de cotisation supplémentaire signifie rogner sur le budget. Pour être terre à terre, si l’on prend les entrées et les sorties il y a dans les sorties obligatoires les charges, le loyer etc. et toutes les sorties compressibles : le Madelin qui va disparaitre clairement, peut-être les charges de personnel de ménage, peut-être les formations, le matériel de rééducation et de bilan… Et de fait on devient à la ramasse vis-à-vis des avancées de la science parce qu’on ne peut pas la suivre, et quels soins propose-t-on à nos patients derrière ? On va proposer des soins qui ne seront pas conformes aux données de la science. Ce sera une baisse de qualité générale et globale. On va rogner, faire des économies de bouts de chandelle, et au final tout le monde y perd.

 

AC : Je ne défends pas un système par capitalisation…

 

MR : Non mais simplement je rebondissais : vous disiez que nous allions être la cible de sociétés qui veulent nous faire faire de la capitalisation. Mais nous n’aurons pas le budget !

 

AC : C’est un pronostic que je tire avec quelques économistes, c’est que l’enjeu qu’il y a derrière sera que cela va émietter la profession. Et qu’à moins que je ne me trompe il va y a voir un business qui va émerger et qu’on risque de venir régulièrement taper à votre porte pour vous proposer un système d’assurance privée pour compléter, ce que je désapprouve totalement, et qui va amener l’inverse de l’universalité qui nous est avancée. Pour des personnes exerçant la même profession il n’y aura à l’arrivée pas le même système de retraite, donc sur ce point nous convergeons.

 

 

Marion RIBEYRE

Présidente d'ORA